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Consom’acteur d’énergie : OK mais comment ?

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Aujourd’hui, nous nous impliquons de plus en plus dans nos choix de vie. Objectif : faire des choix responsables et engagés dans l’alimentation par exemple ou dans nos déplacements avec la mobilité durable.

Cette volonté d’être pro-actif se retrouve aussi dans le secteur de l’énergie. En tant que consommateur, on veut être de plus en plus impliqué pour agir directement sur nos consommations et les maitriser. On souhaite aussi s’engager davantage pour un monde plus durable.

On passe alors de simple consommateur à consommateur actif, appelé aussi consom’acteur.

Mais comment répondre aux attentes grandissantes des consom’acteurs vis-à-vis du secteur de l’énergie ? Comment continuer de les impliquer pour qu’ils puissent prendre part aux nouvelles façons de penser l’énergie ? Comment les sensibiliser sur leur rôle dans la transition énergétique au travers de l’innovation ?

Et c’est ici que l’innovation prend alors tout son sens en fonction des enjeux qui les préoccupent.

Pour échanger sur la problématique « Consom’acteur d’énergie, OK mais comment ? », nous avons invité Carine Sébi, professeur associée chez Grenoble Ecole de Management et Coordonnatrice de la Chaire Energy for Society, et Cybèle Mollaret, Responsable de Projets en charge de l’Innovation à la Direction Nouvelles Activités de GEG (Gaz Electricité de Grenoble), pour le 6ème et dernier épisode de la saison 1 de notre podcast « L’Energie à l’Oreille ».

Energie : quand le consommateur devient consom’acteur

Parler d’innovation dans le secteur énergétique, c’est aborder l’intérêt croissant des particuliers et des professionnels pour leur consommation d’énergie et les différentes innovations qui leur permettent, par exemple, de la maitriser ou de s’engager plus avant dans la transition énergétique.

Cet intérêt croissant se retrouve aussi, aujourd’hui, dans leur volonté active de s’emparer des questions énergétiques pour mieux comprendre le contexte actuel, comme le souligne Cybèle Mollaret : « Il y a plusieurs aspects auxquels les consommateurs font attention. On pense, en 1er lieu, aux prix avec la crise et la flambée des prix de l’énergie. Ensuite, il y a aussi la question de l’origine de l’énergie et du mode de production : comment cette énergie a-t-elle été produite ? Est-elle issue de source fossile, nucléaire, renouvelable, importée d’Europe ? A-t-elle été produite près de chez moi ou ailleurs, de manière centralisée ? Il y a aussi la question de la sécurité d’approvisionnement avec les crises et pénuries que l’on a connu dernièrement, avec le souci d’être sûr de pouvoir consommer de l’énergie quand on le souhaite. »

Le réchauffement climatique fait aussi partie de leurs préoccupations, « avec cette volonté d’avoir une énergie décarbonée et de lutter contre le réchauffement climatique », complète Carine Sébi. Pour autant et comme elle le souligne « on voit aujourd’hui que le curseur évolue : le pouvoir d’achat et la sécurité d’approvisionnement va malheureusement prendre le pas sur la lutte contre le réchauffement climatique. »

Enregistrement du Podcast de GEG, L’Energie à l’Oreille, avec Cybèle Mollaret et Carine Sébi,
9 octobre 2023

De cette prise de conscience pour tout ce qui touche à l’énergie découle cette volonté d’agir concrètement. On passe alors de simple consommateur à consommateur actif, appelé aussi consom’acteur, comme nous l’explique Carine :

« La 1ère chose qui me vient à l’esprit quand on parle de consom’acteur, c’est qu’il y a une rupture avec le mode de consommation d’avant où le consommateur était passif : on allumait l’interrupteur, l’électricité venait… On ne se posait pas la question de savoir comment l’électricité était produite, son prix, … Mais au fur et à mesure de ces urgences, les consommateurs veulent œuvrer sur les systèmes énergétiques et prendre part à la transition énergétique. Et donc, ils vont à la fois œuvrer au niveau de l’offre, c’est à dire faire un choix au niveau de la fourniture et de la production d’énergie (qu’elle soit la plus verte possible), mais aussi sur la demande, c’est-à-dire faire en sorte de l’économiser car on sait qu’on va en avoir de moins en moins ou qu’elle va être de plus en plus chère. »

Or, agir concrètement pour maitriser son budget énergétique, valoriser les énergies renouvelables dans l’offre de fourniture que l’on choisit, œuvrer pour un monde plus durable… Cette volonté pro-active de consommer son énergie autrement a aussi un coût. Il va donc falloir trouver également des moyens d’innovation sociale pour « démocratiser » cette nouvelle façon de « penser » l’énergie, précise-t-elle.

Quand l’innovation devient un levier d’actions pour le consom’acteur d’énergie

En fonction des enjeux qui le préoccupent, l’innovation peut être un levier d’actions pour le consom’acteur d’énergie, précise Cybèle :

Le caractère actif des consommateurs qui ne sont plus, désormais, des consommateurs passifs, mais bien des consommateurs « éclairés » qui cherchent à connaître, comprendre, maitriser, piloter leur consommation, voire produire de l’énergie, est permise aujourd’hui par des innovations qui ont déjà été mises en place il y a quelques années. Mais aussi par de nouvelles innovations qui sont en train de se mettre en place et qui verront le jour demain. Ces innovations sont fondamentales pour permettre aux consommateurs de prendre en main leur consommation. »

Ces innovations peuvent prendre plusieurs formes :

  • les compteurs communicants ou « smargrids » : pour permettre au consommateur de connaître « plus finement » sa consommation afin de la piloter et de la maitriser
  • l’évolution du fonctionnement des réseaux de distribution et de transport de gaz et d’électricité : pour permettre l’émergence massive de production d’énergie décentralisée
  • l’électrification grandissante des usages : pour absorber la multiplicité des points de consommation (comme les bornes de recharges électriques par exemple)
  • les innovations tarifaires : comme les offres à tarification dynamique pour permettre de consommer son énergie suivant un prix qui évolue et varie toutes les heures en fonction des prix de marché ; ou bien les PPA ou CADER (Contrat d’Achat Direct d’Energie Renouvelable), nouveau moyen direct de contractualisation et de vente d’achat d’énergie entre un producteur d’énergie renouvelable et un consommateur final (type énergo-intensif), sur une durée longue de 10, 15 ou 20 ans et à prix fixe
  • les communautés énergétiques (boucles énergie, entreprises, collectifs citoyens) : pour participer au développement de nouvelles capacités d’énergies renouvelables dans les territoires et œuvrer pour l’économie circulaire

Qu’elles portent déjà leurs 1ers fruits ou qu’elles en soient, actuellement, au stade de la réflexion ou de l’expérimentation, toutes ces innovations énergétiques se doivent d’être accompagnées par des actions d’acculturation sociétale pour une plus grande acceptation des consom’acteurs. Et c’est là que les énergéticiens comme le Groupe GEG (Gaz Electricité de Grenoble), ou les grandes écoles comme GEM (Grenoble Ecole de Management), ont un rôle à jouer dans la prise de conscience collective. L’objectif étant d’expliquer au plus grand nombre et de nous sensibiliser sur l’importance de toutes ces innovations dans nos choix de vie, souligne Cybèle. Mais aussi que ces acteurs du monde de l’énergie, et notamment GEM, soient aussi éduqués via ses programmes de recherches et ses partenariats pour pouvoir éduquer à son tour, conclut Carine.

Vous souhaitez en savoir + sur le sujet ? Retrouvez l’intégralité de notre interview avec Cybèle Mollaret et Carine Sébi en écoutant le 6ème épisode de notre podcast « L’Energie à l’Oreille » !

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