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Baisse des prix du gaz sur le marché mais pas sur les factures. Pourquoi ?

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Voici une question que beaucoup de Particuliers et Professionnels se posent en ces temps de crise énergétique. Premier élément de réponse : il faut savoir que les prix du gaz fixés sur le marché de gros européen, et les tarifs établis sur les factures des clients, évoluent différemment. En fait, tout est une question de timing et du type de contrat souscrit.

Afin de bien comprendre la logique financière de cette problématique, GEG fait le point…

Marché du gaz : les prix baissent et se stabilisent…

Cela fait plusieurs semaines que les prix de gros du gaz amorce une baisse significative sur le marché européen. Pour rappel :

  • Avant la crise énergétique, le prix du MWh s’élevait à 20€ en moyenne
  • Le 26 août 2022, il atteignait un niveau 15 fois plus élevé : 297€/MWh

Aujourd’hui, le prix du MWh de gaz se négocie sur les marchés à 70€, soit quatre fois moins cher qu’au plus fort de la crise. Mais il reste toujours trois fois plus élevé au regard de la tendance historique…

De fait, la stabilisation actuelle des prix gaziers est la conséquence de plusieurs facteurs favorables :

  • Des stocks européens de gaz bien remplis : plus de 80 % fin décembre 2022
  • Une diversification de nos partenaires (Norvège, Afrique du nord, Allemagne, Finlande…). Elle permet de multiplier les livraisons de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) par méthaniers. Objectif : se détacher progressivement de notre dépendance au gaz
  • Une météo plutôt clémente : quand il fait « bon », on consomme moins de chauffage et donc moins de gaz
  • Une baisse générale de la consommation française (- 12,2% en décembre 2022 par rapport à décembre 2018) grâce à des actions concrètes de sobriété énergétique, au travail et à la maison
  • Une baisse (voire une interruption) de la production industrielle de certains acteurs énergo-intensifs
  • Une production de notre parc éolien en nette augmentation, entraînant un fonctionnement réduit de nos centrales à gaz produisant de l’électricité

Bref, tout découle d’un équilibre économique entre l’offre et la demande : comme il y a moins de besoins et donc moins de demande, l’offre est plus importante et, de fait, les prix chutent.

… Mais cette baisse des prix du gaz ne se répercute pas automatiquement sur les factures

Pour éviter que la flambée des prix du gaz ne se répercute sur les factures des Particuliers au TRV gaz, l’Etat a mis en place un bouclier tarifaire depuis octobre 2021.

Photo de Kwon-Junho-Unsplash

Renouvelé au 1er janvier 2023, ce bouclier permet encore aujourd’hui (et jusqu’au 30 juin 2023), de « décorréler » les prix des Tarifs Réglementés de gaz d’une part, des prix du marché d’autre part. Objectif : protéger le pouvoir d’achat des ménages en évitant de répercuter la flambée des prix de gros du gaz sur les TRV, grâce à un mécanisme de compensation.

En clair et depuis octobre 2021, c’est l’Etat qui, via ce mécanisme, prend en charge la différence entre le prix qui aurait dû être facturé au client final (sans le bouclier tarifaire), et le prix qui leur est réellement facturé (avec le bouclier). Concrètement et si cette compensation n’existait pas, les Particuliers auraient vu leur facture augmenter de 66 % HT au 1er janvier 2023, au lieu des 15 % demandés. Ce mécanisme de compensation permet ainsi d’éviter aux Particuliers de subir l’évolution haussière des prix du marché (représentant actuellement 25 € par mois sur leur facture, au lieu des 200 € mensuels déboursés en plus si le bouclier tarifaire n’avait pas été prolongé.)

Mais que se passe-t-il sur les factures quand les prix du gaz baissent comme aujourd’hui ? En fait, la baisse des prix actuelle se répercute directement sur le montant de la compensation prise en charge par l’Etat. Elle permet à l’Etat de « sortir » moins d’argent pour continuer à protéger pleinement les Particuliers par l’intermédiaire du bouclier tarifaire.

Alors certes, la baisse actuelle des prix d’approvisionnement en gaz ne se répercute pas directement sur la facture du Particulier. Mais il en bénéficie quand même indirectement via ce mécanisme de compensation qui, actuellement, coûte moins cher à l’Etat.

Et pour les Professionnels ?

Tout d’abord, rappelons que contrairement aux Particuliers, il n’existe pas de bouclier tarifaire gaz pour les clients professionnels.

Photo de Stephen Dawson – Unsplash

Le prix du contrat en Offre de Marché, souscrit en prix fixe avec leur fournisseur de gaz, se négocie en fonction de la cotation du prix du marché, relevée lors de la remise de l’offre. Ce prix définit ainsi le prix des approvisionnements que le fournisseur achète immédiatement pour couvrir les besoins de son client.

De fait, le prix négocié lors de la signature du contrat ne peut plus être modifié à postériori pendant la période contractualisée, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Le prix fixe de ce contrat garantit ainsi, au client comme au fournisseur, la stabilité du prix négocié. Le client professionnel pourra donc profiter de la baisse actuelle des prix du gaz pour tout nouveau contrat négocié, dès à présent, avec son fournisseur.

Parallèlement, le Gouvernement propose depuis quelques semaines des aides énergétiques ciblées afin d’accompagner financièrement les entreprises pour répondre à la crise énergétique actuelle. Ces aides, régulièrement mises à jour, sont à retrouver sur le site du Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique.

Mais qu’en sera-t-il dans les prochaines semaines ? Tout dépendra de la météo bien sûr, mais aussi de l’avenir de la guerre en Ukraine et du rebond éventuel des demandes (notamment en lien avec l’évolution du marché asiatique). Autant de paramètres qui pourraient faire repartir les prix du gaz à la hausse et ancrer la crise énergétique dans la durée.

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