En 2023, 11 métropoles françaises ont mis en place des Zones à Faibles Emissions (ZFE) pour lutter contre la pollution aux particules fines et les émissions de CO2. Elles améliorent ainsi la qualité de l’air en réglementant, limitant, voire interdisant la circulation des utilitaires et poids lourds les plus polluants.
Ces restrictions de circulation demandent donc aux entreprises de revoir leurs investissements pour leur flotte automobile. Il est également demandé aux entreprises de réduire leur empreinte environnementale en matière de transports et de déplacements de leurs salariés. Mais comment peuvent-elles inscrire la mobilité durable dans leur stratégie de développement ? Et quelles sont les solutions mises à leur disposition ?
Pour répondre à ces questions et faire le point sur les alternatives de mobilité durable proposées aux entreprises, nous avons rencontré Thierry Jacquin, Directeur Nouvelles Activités de GEG, expert en mobilité durable, pour notre podcast « L’Energie à l’Oreille ».
Les Zones à Faibles Emissions (ZFE) : un levier pour améliorer la qualité de l’air urbain
30 % d’émission de CO2 de l’économie française sont issus de la mobilité, contribuant fortement à la double problématique de la mauvaise qualité de l’air et du réchauffement climatique. C’est le 1er constat établi par Thierry Jacquin.
Effectivement et selon lui, la mauvaise qualité de l’air dans les grandes villes et zones périurbaines est la conséquence d’un cumul des effets du transport en termes de mobilité, d’industrie et de chauffage. D’où la nécessité de travailler à la réduction de ces émissions.
La mobilité durable et la mise en place des Zones à Faibles Emissions permettent, en ce sens, d’apporter des solutions concrètes afin d’améliorer la qualité de l’air dans les métropoles. Actuellement, ces zones ont été établies à Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Grand-Paris, Toulouse, Nice, Strasbourg, Montpellier, Rouen, Reims et Saint-Etienne. Elles ont pour objectif de diminuer la pollution en ville en réduisant les particules fines et les NOx (oxyde d’azote présent dans la combustion des carburants fossiles.)
Pour y parvenir, elles ont mis en place la vignette Crit’Air, permettant de classifier les véhicules de « 0 » (pour « zéro émission » comme les véhicules électriques) à « 5 » (pour les plus polluants) en fonction de leur taux d’émission de particules fines et de Nox, suivant leur type de motorisation et leur date de mise en circulation.
La libre circulation et le stationnement des véhicules professionnels les plus polluants sont ainsi interdits dans ces zones, notamment pour les véhicules utilitaires et poids lourds dotés des vignettes Crit’Air 5, 4 et 3.
Les entreprises doivent donc, aujourd’hui, revoir entièrement leur stratégie d’investissement pour leur flotte automobile en optant pour la mobilité durable, si elles souhaitent continuer de circuler librement dans les grandes métropoles.
Mobilité durable : quelles solutions pour les entreprises ?
Avant d’aborder les solutions disponibles sur le marché pour les entreprises, Thierry rappelle qu’il existe trois types de mobilité qui leur sont propres :
- la mobilité des salariés et leur déplacement domicile-travail
- les déplacements professionnels pour exercer leur métier
- la logistique de transport des marchandises
De ces trois types de mobilité dépend la stratégie de mobilité durable en termes d’investissements pour leur parc automobile d’une part, et de process de déplacement d’autre part.
Outre le fait de privilégier les transports en commun, le co-voiturage ou la mobilité douce (vélo, marche à pied, … pour les déplacements des salariés sur de courtes distances), le choix d’une énergie la moins carbonée et la moins émettrice de CO2, de particules fines et de NOx est à privilégier.
Différentes options énergétiques s’offrent alors aux entreprises souhaitant faire évoluer la motorisation de leur flotte en fonction des usages, comme le précise Thierry :
- Pour les poids lourds (transport de voyageurs et de marchandises ou collecte des déchets) qui ont besoin de puissance et d’autonomie, les solutions GNV (Gaz Naturel Véhicule) sont à privilégier. Mieux : le bio-GNV (gaz 100 % vert), issu de méthode de production renouvelable grâce au processus de méthanisation (à partir de boues de station d’épuration ou de déchets agricoles et alimentaires) est la solution idéale pour réduire de 80 % les émissions de CO2 par rapport au diesel par exemple.
- Pour les flottes légères et les utilitaires, les solutions qui dominent actuellement le marché restent les véhicules électriques grâce à leur « Zéro émission » de CO2 en circulation.
Sur ce point, Thierry souligne d’ailleurs que ces deux solutions de motorisation sont des technologies matures, à la différence de l’hydrogène qui ne l’est pas encore aujourd’hui mais qui le deviendra probablement d’ici 10 à 15 ans, si on arrive à produire de l’hydrogène décarboné à prix compétitif.
L’avenir en termes de mobilité durable s’inscrit donc idéalement, pour Thierry, dans un mix énergétique raisonné :
« Demain, il faut que l’on soit dans un mix énergétique en adoptant les énergies les plus pertinentes pour un usage donné. On n’aura pas les mêmes solutions pour un véhicule léger, un véhicule utilitaire, un poids lourd, un train ou un transport maritime. »
Quelle que soit la solution envisagée pour utiliser l’énergie la plus adaptée, la moins carbonée et la moins émettrice, des aides financières existent pour les entreprises, conseille-t-il en conclusion de notre podcast. La 1ère chose étant d’établir un diagnostic de l’ensemble de la flotte avec l’ADEME par exemple, pour prendre les bonnes décisions en matière de motorisation, avant de se tourner, ensuite, vers les aides gouvernementales ou celles des métropoles concernées pour un accompagnement financier.
Si vous êtes un professionnel et que vous vous intéressez aux solutions de mobilité durable pour votre activité, cliquez sur le bouton pour écouter en intégralité notre podcast réalisé avec Thierry Jacquin !
Et si vous souhaitez en savoir plus, voici les sources à consulter :
- Aide aux études en matière de mobilité durable | Entreprises | Agir pour la transition écologique | ADEME
- Circuler dans la zone à faibles émissions (ZFE Utilitaires et poids lourds) – Grenoble Alpes Métropole (grenoblealpesmetropole.fr)
- 2019.09-Rapport-IFPEN-ACV-bioGNV.pdf (afgnv.org)
- Acheter un véhicule utilitaire ou un poids lourd moins polluant – Grenoble Alpes Métropole (grenoblealpesmetropole.fr)