Dans son guide « En route vers la sobriété numérique », l’ADEME nous alerte ! 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont dues au numérique (2,5 % des émissions pour la France). D’ici 2025, ce chiffre pourrait doubler ! Il est temps de changer nos habitudes dès aujourd’hui.
Le numérique est partout ! On vit avec, du matin au soir. Premier geste au lever, on allume son smartphone pour checker ses mails ou ses messages WhatsApp. Durant la journée, on passe du temps sur les réseaux sociaux et le soir, pour les plus accros, on regarde un film ou une série sur son ordinateur portable. À chaque clic, c’est de l’énergie, pas toujours visible, que l’on consomme. Alors comment agir pour, chacun à son niveau, faire rimer sobriété énergétique et sobriété numérique ? On vous met sur les bonnes pistes…
On prend conscience de la fuite en avant du numérique
Avant d’agir en faveur de la sobriété numérique, il est utile de prendre conscience de la fuite en avant du numérique à laquelle nous participons toutes et tous. Quand on lit le rapport « En route vers la sobriété énergétique » publié par l’Ademe en septembre 2022, on apprend que :
- chaque habitant d’Europe Occidentale utilise en moyenne 8,9 appareils numériques en 2021 (contre un peu plus de 5 en 2016),
- une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, recherche web…) parcourt environ 15 000 km,
- la consommation d’une box équivaut à celle d’un réfrigérateur,
- 88% des Français changent de smartphone alors que l’ancien fonctionne encore,
- plus d’un milliard de smartphones ont été vendus dans le monde en 2019,
- 10 à 12 milliards de mails sont échangés chaque heure dans le monde (hors spams),
- la répartition des émissions de gaz à effet de serre du secteur du numérique se ventile comme suit : 25% pour les réseaux et data centers, 37% pour la fabrication des appareils numériques et 38% pour l’utilisation des appareils numériques,
- 10% de la consommation électrique française est consacrée aux services numériques.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. On est dans une situation où le numérique (appareils et infrastructures) prend de plus en plus d’ampleur et, de ce fait, consomme de plus en plus d’énergie. Et si on reprenait le contrôle ?
On se freine sur le renouvellement des appareils numériques
La fabrication des appareils numériques (ordinateurs, tablettes, smartphones, montre connectées, consoles, casques de réalité virtuelle, box…) est une activité qui génère un fort impact en termes de bilan carbone et de consommation énergétique. Pour info, de sa conception à sa vente, un smartphone fait 4 fois le tour du globe. En clair, quand on ouvre l’emballage de son nouveau smartphone, et avant même l’avoir mis en marche, celui-ci affiche déjà un impact négatif conséquent sur l’environnement.
Face à ce constat, trois attitudes doivent êtres adoptées pour limiter l’impact environnemental :
- Avant de s’équiper, on s’interroge sur ses vrais besoins et on arrête de se précipiter à chaque fois qu’une nouvelle version d’appareil est lancée.
- On privilégie les équipements reconditionnés (de nombreux acteurs se sont développés sur ce marché.)
- On choisit des appareils affichant les labels environnementaux (EPEAT et TCO certified) et un bon indice de réparabilité.
On offre une seconde chance à ses appareils numériques
Un appareil qui fonctionne encore, recyclé, reconditionné et remis sur le marché, est un appareil qui peut parfaitement répondre aux besoins d’un utilisateur. Quand on sait que 113 millions de smartphones sont rangés dans des tiroirs et que moins de 5% des smartphones sont à ce jour collectés pour recyclage, on se dit que, tous ensemble, on doit largement progresser sur cette voie du recyclage des appareils numériques. Vous, par exemple, faites la liste des appareils numériques qui « dorment » chez vous et qui, une fois reconditionnés, pourraient faire le bonheur d’un utilisateur. Pour donner un téléphone, en deux temps trois mouvements, passez par le dispositif Ecosytem « Je donne mon téléphone ».
Pour vous aider à diagnostiquer vous même les pannes de vos téléphones, ordinateurs, imprimantes (et autres appareils de la maison), vous pouvez aussi vous rendre sur l’outil de diagnostic du programme « Longue vie aux objets » de l’ADEME.
On entretient ses appareils numériques
Toujours dans l’objectif d’utiliser ses appareils numériques le plus longtemps possible (et d’éviter d’aggraver le bilan carbone dû à la fabrication de nouveaux appareils), on s’attache à prendre soin de ses équipements numériques en :
- évitant qu’ils ne surchauffent (on leur laisse le temps de refroidir pour protéger les processeurs),
- évitant de les placer en plein soleil,
- les éloignant des ondes électro-magnétiques (type micro-ondes),
- les dotant d’un antivirus,
- utilisant un navigateur sécurisé,
- effaçant les données inutiles de manière à conserver environ 20% d’espace libre,
- éliminant les poussières à l’aide d’une bombe à air sec et d’un chiffon micro fibre,
- anticipant les chocs avec des coques ou des housses résistantes
On est vigilant sur ses habitudes de connexion et sur les réglages des appareils
Wifi, 4G, bluetooth… On possède de plus en plus d’appareils numériques connectés. Plus on a d’appareils en fonctionnement, plus on consomme de l’énergie, cela tombe sous le sens, mais on n’en a pas toujours conscience !
Aussi, pour gagner en matière de sobriété énergétique, il convient de faire preuve d’une vigilance accrue dans l’utilisation de ses appareils numériques, en suivant ces quelques règles :
- on privilégie le Wifi à la 4G,
- on utilise le câble ethernet dès que cela est possible,
- on coupe la connexion en débranchant sa box quand on n’en a pas besoin,
- on active le mode « économie d’énergie » sur les différents appareils,
- on diminue la luminosité des écrans,
- on éteint tous les appareils que l’on n’utilise pas,
- on désactive tout ce qui est inutile (notifications, géolocalisation, mises à jour automatiques) et qui consomme de l’énergie en permanence.
C’est un tort de penser que ces petits gestes sont futiles car tous, mis bout à bout, permettent de réaliser de vraies économies d’énergie et de s’engager dans la sobriété numérique. Saviez-vous d’ailleurs qu’une box allumée 24h24 avec son boitier TV équivaut à la consommation électrique de 7 ordinateurs portables utilisés 8h par jour sur une année complète ?
On contrôle sa consommation et son stockage de données numériques
On le sait, les routeurs et data centers sont énergivores ! Plus ils stockent de données, plus ils sont sollicités et plus ils consomment de l’énergie.
On a tous des fichiers, des photos, des mails, des historiques de navigation bref, des données numériques qui ne nous servent plus et qui encombrent les serveurs. Premier geste bénéfique pour réduire son impact énergétique : faire le ménage dans toutes ces données « inutiles » en les effaçant.
Pour les recherches web, on essaie aussi d’optimiser ses démarches et de saisir des requêtes précises pour éviter de saturer la bande passante avec des recherches inutiles.
On peut également agir au niveau de sa messagerie en triant et en effaçant régulièrement ses mails, en se désabonnant de newsletters qu’on ne lit jamais et en limitant le nombre de destinataires. Pour info, un mail avec une pièce jointe d’1 Mo consomme l’équivalent d’une ampoule 25 Watts pendant 1 heure. Ce n’est pas rien !
Autre bon réflexe à respecter, pour tous les fans de vidéos et musique : on privilégie le téléchargement de film ou d’albums pour une consommation hors ligne plutôt que d’utiliser le streaming.
Pour atteindre une certaine sobriété numérique, étape incontournable pour tendre, plus globalement, vers une sobriété énergétique efficiente, on peut résumer en disant qu’il faut être capable de nuance et de contrôle.
Que ce soit au moment d’effectuer l’achat d’un appareil numérique ou de surfer sur le web, il convient, à titre individuel et au quotidien, d’adopter un comportement réfléchi et responsable, pour faire matcher sobriété énergétique et sobriété numérique.
