Les énergies renouvelables prennent de plus en plus d’importance dans le mix énergétique national, surtout depuis la crise énergétique et l’ambition collective de tendre vers la neutralité carbone en 2050.
Panneaux solaires sur le toit des bâtiments ou des habitations, pales d’éoliennes pour capter la force cinétique du vent, prises d’eau pour utiliser la puissance hydraulique d’un torrent… Vous l’aurez compris, énergies renouvelables et territoires sont, aujourd’hui, intrinsèquement liés.
Mais comment les projets de production d’énergies renouvelables font-ils pour trouver leur place tout en valorisant leur territoire d’adoption ? A l’échelle individuelle et collective, comment peut-on participer au développement d’un site de production d’énergie renouvelable ? Et pourquoi est-ce important, pour un producteur d’énergies vertes, d’impliquer les citoyens et les collectivités dans le montage de ces projets ?
Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré Nicolas Flechon, directeur de GEG ENeR, filiale de Production Energies Renouvelables de GEG et Julien Decaux, Responsable des projets en développement de GEG ENeR, pour le 5ème épisode de notre podcast « L’Energie à l’Oreille ».
Energies renouvelables et territoires : comment faire accepter des projets de production ?
Développer des projets de territoires pour produire de l’énergie renouvelable peut s’apparenter, avant toute chose, à une volonté politique.
C’est en tous les cas ce qu’observe, sur le terrain, Nicolas Flechon. Pour lui, l’origine des projets développés par GEG ENeR sont, avant tout, issus « de la volonté politique d’une collectivité de participer à la transition énergétique sur son territoire, tout en impliquant un écosystème citoyen. » Viennent ensuite, dans un second temps, les retombées économiques, à ne pas négliger pour les collectivités locales qui peuvent, ainsi, compter sur des revenus à long terme (sur 20, 25, voire 40 ans) une fois le projet de production d’énergies renouvelables finalisé.
Le but étant, comme le souligne Julien Decaux « de faire en sorte que les projets soient intégrés dans les territoires qui les reçoivent et qu’ils puissent bénéficier à la majorité de l’intérêt public. »
Alors justement : comment faire pour impliquer les acteurs et parties prenantes d’un territoire (collectivités, élus, monde associatif et riverains) dans la réflexion, la réalisation et l’exploitation d’un ouvrage de production d’énergies renouvelables ? Tout est, d’abord, une question d’accompagnement sur le terrain pour une bonne compréhension de l’ensemble du projet précise Nicolas : « un bon projet est un projet qui est accepté, surtout que ce sont des projets sur la durée, et que les énergies renouvelables ne sont pas forcément une évidence pour tous. »
Pour ce faire, l’implication de tout le monde est essentielle :
« Il faut, absolument et dès l’origine, impliquer la collectivité au sens large du terme. Car c’est la collectivité qui porte le projet : ce sont les communes, les communautés de communes, les syndicats mais aussi les citoyens, pour être certain que dans toutes les étapes, des plus amont jusqu’à la phase d’exploitation, il y ait une bonne compréhension de ce qu’est le projet, ce qu’il apporte, des contraintes que cela représente, de façon que ce soit un projet qui soit bien intégré dans son environnement. », précise-t-il.
6 juillet 2023
La meilleure façon d’intégrer les collectivités étant, pour GEG ENeR, de les impliquer également dans le capital et la gouvernance de la société qui pilote l’ensemble du projet de production.
Energies renouvelables et territoires : tout le monde a son « mot à dire »
Pour Julien, il n’y a pas de « recette miracle » pour impliquer l’ensemble des acteurs des territoires. Un certain nombre d’évènements jalonnent ainsi le projet tout au long de son développement avec, entre autres :
- des réunions de concertation collectives pour pouvoir échanger avec les citoyens, les riverains et les associations. Objectif : discuter et adapter le projet en fonction des enjeux identifiés
- du « porte à porte » pour discuter individuellement avec les riverains. Objectif : lever toute inquiétude éventuelle, en matière d’aménagement du territoire par exemple
- des supports de communication accessibles à tous (site internet, newsletters) pour suivre « pas à pas » l’avancée du projet.
Le but étant que toutes les parties prenantes s’approprient ces projets de production d’énergies renouvelables considérés, dans leur concrétisation, comme des projets d’aménagement territorial à part entière.
Pour autant, les procédures administratives sont très souvent longues et complexes, souligne Julien :
« A titre d’exemple, il faut à peu près 10 ans pour développer un projet éolien sur terre. Pour la filière hydroélectrique, il en faut 5, et pour les projets photovoltaïques au sol, on est sur une durée évaluée entre 4 et 5 ans. Ce sont des délais extrêmement longs et sur lesquels il faut tout autant tenir les études, les instructions administratives, et continuer à fédérer l’ensemble des acteurs locaux autour de projets qui s’éternisent dans le temps. »
De fait, une facilitation et une accélération des procédures permettraient, à terme, de développer et de valoriser plus aisément des projets territoriaux. L’objectif étant de « tourner la page » des énergies fossiles plus rapidement en amplifiant l’ensemble de ces moyens de production décarbonés.
Et demain ?
Tout d’abord, parlons chiffres ! Le rapport d’études « Futurs énergétiques 2050 », publié par RTE présente différents scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon ce rapport, il faudrait augmenter notre production d’électricité de + 35 % pour satisfaire nos futurs besoins décarbonés.
Plus proches de nous et pour affiner ce bilan, RTE estime qu’il faudra (entre temps et pour atteindre cet objectif) doubler cette production d’énergie électrique d’ici 2035. De fait, nous devrons être en mesure de produire 240 TWh d’énergies renouvelables d’ici 12 ans (en lieu et place des 120 TWh actuellement produits en France.)
D’où l’importance de valoriser tout type de projets de production d’énergies renouvelables dans les territoires. En rénovant et en optimisant la production de sites existants par exemple grâce à la technologie, ou bien en prospectant sur de nouveaux gisements certes. Mais aussi en simplifiant les procédures administratives de façon à gagner du temps dans l’instruction des dossiers d’aménagement.
Alors si vous aussi, vous vous intéressez au développement des énergies renouvelables en France et souhaitez avoir plus d’infos pour valoriser les ressources de votre territoire, retrouvez l’intégralité de notre interview avec Nicolas Flechon et Julien Decaux en écoutant le 5ème épisode de notre Podcast « L’Energie à l’Oreille » !
